29.11.2015

«Un groupe d’entraide canalise les énergies et constitue un plus»

Premier congrès national sur l’entraide, un résumé de Katia Schaer, responsable de la communication d’Info-Entraide Suisse


Comme plusieurs intervenants et intervenantes ont pu nous l’apprendre, l’entraide est mise en place lorsque le reste ne fonctionne plus: si vos ami(e)s et connaissances vous font progressivement comprendre qu’il est temps de revenir à une vie normale. Au moment où une thérapie prend fin, et que les médecins et thérapeutes vous considèrent comme provisoirement guéri(e). Quand tous les autres estiment que les difficultés que vous rencontrez ne sont pas un véritable problème. Ou lorsque les experts sont bien obligés d’admettre que leur compassion a atteint ses limites.

L’entraide fonctionne. La vice-directrice à l’Office fédéral de la santé publique Andrea Arz de Falco considère cette méthode comme un complément efficace aux soins de santé. Pour Martin Merki, directeur des affaires sociales de la ville de Lucerne qui a lui-même fait l’expérience de l’entraide, elle permet de canaliser les énergies et constitue un plus. Selon cet homme politique, l’intérêt économique que l’entraide peut représenter pour la société n’est pas un élément décisif: «L’important, c’est davantage son utilité que la baisse des coûts qu’elle pourrait occasionner.»

Pourtant, c’est généralement l’argent qui entre en ligne de compte: L., qui fait partie d’un groupe d’entraide de parents d’enfants épileptiques, sait de par son expérience que l’intérêt des politiques pour l’entraide est souvent de courte durée, et s’évanouit généralement lorsqu’il s’agit d’argent. La décision de diminuer le budget alloué au centre d’Info-Entraide de Zurich par le Conseil communal est le dernier exemple en date.

La qualité du contact avec le monde politique est l’une des raisons qui expliquent pourquoi ce système est si bien établi en Allemagne et peut bénéficier d’un soutien d’envergure des caisses publiques d’assurance maladie depuis 15 ans. Jürgen Matzat, militant pour l’entraide de la première heure à la Deutsche Arbeitsgemeinschaft Selbsthilfegruppen e.V. (communauté allemande de travail pour les organisations d’entraide), nous donne d’autres pistes pour faire accepter davantage ce concept: s’armer de patience, disposer de chiffres ambitieux appuyés par un travail de recherche et faire appel à une institution telle qu’une association faîtière. L’entraide est donc sur la bonne voie en Suisse.



Le chemin est cependant encore long, comme le montre l’exemple de Spitäler fmi, une organisation hospitalière favorable aux groupes d’entraide, qui accorde une large place à cette méthode dans le traitement psychiatrique, et dans tous les contextes «qui deviennent complexes», explique Eva Meisters, médecin-chef des services psychiatriques. Car envoyer des prospectus destinés à faire part des offres proposées n’est pas le plus difficile. La véritable difficulté est de mettre sur pied un service hospitalier dans lequel la communication se fait d’égal à égal. Un service dans lequel la stagiaire a autant son mot à dire que la médecin-chef, et où cette dernière ne souffre pas d’un complexe d’infériorité si le patient est plus au courant qu’elle.

Les évolutions de la société sont à l’origine du mouvement d’entraide en Allemagne. L’émancipation et la responsabilité individuelle en sont les mots-clés. Mais ce sont également les transformations de la société qui rendent l’entraide aussi indispensable: avec la solitude, l’isolement et le manque de relations sociales, le risque de devenir malade, voire de le rester, augmente. Or, l’idéal pour éviter l’apparition d’une maladie ou l’échec d’une thérapie serait d’être entouré(e) d’amis. Des amis qu’il est justement possible de trouver dans ces groupes d’entraide.

Pourtant, les personnes concernées, leurs proches et les spécialistes des centres d’entraide sont sans cesse confrontés à l’ignorance et au manque de connaissances. Nombreux sont celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler de ce concept et ignorent que des groupes existent. Ainsi, le besoin de ce congrès est univoque: il est essentiel de mieux faire connaître l’entraide.

(Ce texte peut être librement utilisé à condition d’en mentionner la source.)

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Des discussions intensives charactérisent le travail dans les différents ateliers.